Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CERCLE LECTURE JEAN MACE
5 août 2011

Amour filial père, fils

Quelqu'un (voir ci-dessous) a écrit tout ce que j'aurai voulu écrire sur ce magnifique livre que j'ai lu avec beaucoup d'émotions:"Les quatre saisons de Mohawks" de Richard RUSSO.

J'ai tout particulièrement apprécié:

-L'humour de l'auteur:" Jusqu'à l'âge de six ans, j'ai considéré mon père de la même façon que l'Autre, imagescelui "des cieux" dont l'existance est consignée, mais qui, prosaïquement, brille par son absence et ne compte en rien".

-le sujet de ce livre, sur l'attachement réciproque de ce père, Sam Hall,pas comme les autres et de ce fils, Ned.

 Aucun d'eux n'est démonstratif, mais dont on devine et mesure l'intensité du lien qui les unit :

"je m'étais depuis longtemps résigné à ce que le pater, invariablement, mette quelqu'un entre nous dès que nous étions censés passer du temps ensemble. Je n'avais pas trop cherché à comprendre, je n'en avais pas envie, mais j'ai toujours pressentis que nous avions peur. Avec de longues heures devant nous, et peu à faire, nous aurions été tentés de discuter. De lâcher des choses. D'évoquer hier, aujourd'hui de se demander pourquoi, pourquoi pas."

-Sur les  liens de Ned avec sa mère, Jenny, qui sont d'une tout autre nature,mais qui sont tout aussi forts.

 Cette mère a un tempérament bien différent:" Après tout [dit Ned], j'aurais pu  tout aussi bien tenir de ma  mère, qui ne s'était échappé de rien, qui payait et payait sans cesse les intérêts, sans jamais rembourser le capital".

Et cette belle réflexion sur la lecture  dont nous partageons la passion:"J'ai peu à peu acquis la ferme conviction qu'il était vain, en général, de vouloir enseigner quoi que ce soit à quiconque. La seule chose à faire consiste à isoler les gens quelquepart et à leur donner quelquechose à lire"

 

imagesFils de poivrot



A son retour de la guerre en Europe, Sam Hall, jeune citoyen de Mohawk (ville imaginaire de l’état de New York), n’a qu’une envie : boire avec les copains, jouer aux courses, profiter de la vie. C’est plus que n’en peut supporter sa jeune épouse Jenny, surtout après la naissance de leur fils Ned. Elle demande le divorce, il le refuse et s’en prend au malheureux avocat de Jenny (une scène d’anthologie !). 
Mais comme il n’habite plus avec elle, Jenny, mère travailleuse et catholique pratiquante, élève son fils seule.

Le narrateur de l’histoire c’est Ned, dit P’tit Sam en référence à sa vedette de père. Il nous raconte son enfance tranquille puis son adolescence chaotique. Lorsqu’il a 6 ans, son père se souvient qu’il a un fils, le « kidnappe » vingt-quatre heures, puis revient le voir de loin en loin. 
Lorsque Ned a 10 ans, sa mère sombre dans une terrible dépression nerveuse et son père décide de le prendre avec lui. Alors commence une vie bien différente qu’il partage entre l’école, les bars où il suit son père, l’appartement, dont le principal meuble est un billard, où il est seul la plupart du temps.
Dès 10 ans, Ned vit sa vie, il fait des petits boulots, il économise. L’été, il le passe seul à la bibliothèque, où il développe une passion pour la lecture. Et puis, il va à Myrtle Park, le parc de Mohawk, d’où il peut voir « la maison de diamant », la plus belle maison de Mohawk. Et il rêve à Tria Ward, la belle jeune fille qui y habite.
Il a aussi quelques copains, mais il fréquente davantage les barmen et les compagnons de beuveries et de jeux de son père. 
A vrai dire, son seul héros, c’est son père, même si Sam est peu porté sur les sentiments et lui manifeste son intérêt par des taloches.
Sam est un pilier de bar, certes, mais c’est un homme généreux. A la bonne saison, il travaille dur dans des chantiers et gagne plus d’argent qu’il ne lui en faut. Alors, il prête tout ce qu’il a aux copains et se retrouve fort dépourvu quand l’hiver…(cf. La Fontaine). Mais tous les deux s’en sortent toujours et ce livre est l’histoire d’une grande complicité, sans que père et fils ne s’avouent jamais qu’ils s’aiment.

Ce gros roman est plein de scènes drôles, d’anecdotes savoureuses, de réflexions hilarantes (où il est question de la sexualité des joueurs de billard ; du chronométrage par Ned du temps que son père met à vider sa vessie le matin…) 
La description de tous les personnages pittoresques qui en sont les nombreux héros est toujours faite avec humanité : la petite amie de Sam, mère célibataire ; Drew, son fils caractériel ; Wussy, le copain métisse, champion de pêche à la truite… 

Richard Russo est vraiment un grand écrivain. Dans ses romans, il décrit à merveille et avec un humour teinté de tendresse la vie des paumés de l’Amérique, ceux qui vivent de petits boulots dans des bleds paumés, oubliés par l’économie américaine. Ceux qui vivent essentiellement dans les bars où ils retrouvent les chaudes amitiés viriles, à coup de tournées de bière et de whisky. J’ai retrouvé l’ambiance de « Un homme presque parfait », paru en poche, qui est une excellente introduction à l’œuvre de Russo.

Publicité
Publicité
Commentaires
CERCLE LECTURE JEAN MACE
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité