DANS LA GUEULE DU LOUP Olivier BELLAMY

Un petit livre percutant qui vous fait vivre au grand galop la vie de Prokofiev à Moscou, au rytme effréné de dialogues drôles, épatants de réalisme.

Personnalité époustouflante, Prokofiev a une foi invincible dans son génie. Son absence totale de compréhension de la situation politique de sa chère Russie lui fait cmmettre la plus énorme erreur de son existance. Il saura garder toute sa combativité, et défendre ses créations musicales face à un pourvoir qui ne l'épargnera pas ; "Vous ne croyez donc en rien ( demande Chostakovich à Prokofiev)?-Non. Mais j'y crois dur comme fer. Je me demande parfois si vous n'êtes pas taillé dans le même métal que ces gens...Aussi brutal, aussi impitoyable..

Il réservera sa sensibilité et ses émotions pour ses compositions musicales. Et ne manquera pas de cynisme et de froideur avec sa famille: " Est-ce que j'ai été un bon père ?(demande Prokofiev à son fils), tu es Serge Prokofiev, papa.

Voilà ce que met l'auteur dans la bouche de S. Prokofiev:

"Le communisme ne tiendra qu'un temps, tant qu'il y aura des gens assez bêtes pour y croire. Alors que ma musique est faite pour durer"

"les femmes ne sont pas toujours des êtres dignes de confiance pour un artiste"

Un réjouissant moment de lecture.

Le choix des libraires : choisi le 25/09/2013 par Laurent Lebourg de la librairie PRIVAT-CHAPITRE à PERPIGNAN, France:

Résumé

En 1936, commence l'une des purges staliniennes les plus sanglantes de l'histoire bolchevique. C'est le moment que choisit Serge Prokofiev pour revenir en URSS et s'y installer avec sa famille. C'est le moment aussi où il écrit et compose Pierre et le Loup, son célèbre conte musical pour enfants. Le Mozart russe s'est jeté «dans la gueule du loup». Il n'en sortira plus jamais jusqu'à sa mort.
Dans ce roman drôle et cruel, l'auteur imagine les circonstances et les conséquences tragiques de cette décision. A travers le destin d'un homme, c'est l'histoire de la première moitié du XXe siècle que nous revivons. Le Paris brillant et cosmopolite, la guerre, l'implacable machine soviétique. C'est aussi le portrait d'un compositeur de génie qui traverse les flammes de l'enfer pour tutoyer le divin. Et celui d'une femme libre qui paiera cher le prix de son amour absolu. C'est enfin le chemin de croix que parcourt tout artiste entre le Bien et le Mal.

Olivier Bellamy anime chaque jour «Passion classique» sur Radio Classique. Sa biographie de la pianiste Martha Argerich est traduite dans de nombreux pays. Il est aussi l'auteur de documentaires à la télévision, dont la série «À Contretemps» sur France 3 ; et possède un blog sur le Huffington Post.

Quand la mégalomanie conduit un grand compositeur à sa perte, en signant un pacte faustien pour un surplus de gloire. Portrait ironique de Serge Prokofiev, génie odieux dévoré par sa passion, dans son rapport avec ses confères ou ses proches. En suivant son parcours de Paris à Moscou, des années trente aux années cinquante, nous découvrons au final un homme dont l'insensibilité ne répondait qu'à son constat lucide d'une humanité qu'il jugeait décevante. 

La revue de presse : Philippe-Jean Catinchi - Le Monde du 21 novembre 2013 

Premier roman ? Soit, puisque c'est la forme retenue par le critique musical, dont le livre sur Martha Argerich (L'Enfant et les sortilèges, Buchet-Chastel, 2010) et les entretiens avec Teresa Berganza (Un monde habité par le chant, Buchet-Chastel, 208 p., 20 €) annonçaient l'aisance et l'empathie qui font les portraits justes. Il montre le compositeur, en ce début des années 1930, désemparé par la disparition de son imprésario, Diaghilev, en pleine rivalité avec Stravinsky, proche de Poulenc mais pas du clan Cocteau ; le musicien cherche une posture à la hauteur de son génie. Olivier Bellamy permet de mesurer le pari périlleux de Prokofiev : la gloire nationale en URSS plutôt que les épuisantes rivalités en Occident.