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CERCLE LECTURE JEAN MACE
7 juillet 2014

TROIS VIES DE SAINTS Eduardo MENDOZA

images3Sous ce titre Eduardo Mendoza écrit trois nouvelles.

La première met en scène Don Fulgencio, monseigneur Putucàs, évêque ordinaire de Quahuicha:

"s'il est vrai que les inutiles et les irresponsables, comme mon père, trouvaient facilement une place dans une bureaucratie gigantesque, coûteuse et improductives, la tolérance envers l'incompétence et les défauts personnels étaient compensée par une extrème exigence en ce qui concernait le respect hiérarchique et la flagornerie"....

"car à l'époque, si répressive en bien des domaines, les enfants n'étaient pas encore devenus des objets d'analyse et le réceptacle des projections des adultes, qui se bornaient à contrôler la marche de leurs études et la stricte rectitude de leur comportement, laissant le reste de leur formation aux prêtres, aux amis, aux putes ou à qui voudrait s'en occuper"

Voilà brossé dans un style inimitable la bureaucratie et l'éducation... 

La seconde nous parle de Dusslav, extrait: "Ce prix est une preuve de succès, et le désir de succès est incensé. Avant d'y parvenir, le succès est seulement un motif de tourment; mais quand il arrive, c'est pire: une fois obtenu, la vie ne s'arrête pas et le succès l'assombrit; nul ne peut répéter constamment le succès, et très vite le succès se transforme en poids écrasant; on a constamment besoin d'en remporter un autre, mais en sachant désormais son inutilité".....

Quand à la troisième nouvelle, il s'agit d'un prisonnier inculte qui va devenir auteur à succès.

Ces récits rocambolesques sont truffés d'humour et d'un regard acéré sur notre époque.

Un auteur à découvrir.

Ci-dessous la critique parue dans la revue L'Orient Littéraire n°97 d'avril 2014

Les saintetés singulières d’Eduardo Mendoza, par Edgar Davidian

En ce siècle fou où on tue plus que jamais au nom de Dieu, Eduardo Mendoza, écrivain barcelonais, figure de proue de la littérature contemporaine ibérique, s’attaque de front à la notion de sainteté avec un sens irrévérencieux et décapant de la drôlerie. À travers des vies ordinaires, des personnages audacieux, incroyablement triomphants. Des jusqu’au-boutistes sans concession dans le chemin qu’ils ont décidé de prendre. Et qui, sans la foi reconnue par l’Église, ont un différent appel du Créateur… Si les saints sont des personnes obsédées et obnubilées par l’amour de Dieu, s’ils sont en quelque sorte des inadaptés sociaux bons pour la prière et le renoncement à soi et aux autres, les saints ne pourraient-ils pas être aussi des fous et des génies prêts à renoncer à tout pour une idée ?

C’est sous cette ombrelle, un peu farfelue et tirée par les cheveux, il est vrai, que s’étend la prose au mordant tendre, habitée d’humour et de réflexion de Mendoza. Une prose qui fouille en toute liberté et fantaisie dans la société. Une société qui reste un inépuisable champ d’expérimentation, d’exploration, d’investigation et d’inspiration pour un auteur qui a à son actif une vingtaine d’opus traduits, fêtés, lus, avec plaisir et délectation. Un auteur qui ne se prive pas de restituer le puzzle des tranches de vie à travers des romans parodiques et burlesques. Et c’est ainsi que se déploie le rayonnement de ces saintetés tout aussi singulières que particulières. Avec pour cadre une Barcelone et une Amérique latine débordantes de paradoxes et de contradictions pour des révolutions sociétales en chaîne.

À travers trois nouvelles remarquablement traduites de l’espagnol par François Maspero, sous le titre presque banal de Trois vies de saints, l’auteur nous raconte trois destins aux allures rocambolesques pour des situations et des personnages rendus captivants grâce à un style élégant, une trame bien ourdie et une analyse percutante. Trois personnages différents, à la fois ternes et flamboyants, timorés et baratineurs, effacés et présents, surprenants et émouvants. Histoires tirées du cœur de la vie avec un évident plaisir balzacien de décrire leur environnement, de les mettre en situation et un sens aigu de brosser, en détails minutieux, les portraits. Mais quel point commun entre ces trois récits ? Bien vague serait cette odeur de sainteté et c’est l’auteur lui-même qui souligne que ce serait plutôt « le mode discursif » qui cimente leur diversité, leur densité et leur coloration. De La Baleine au Malentendu en passant par Le fils de Dubslav, Eduardo Mendoza tisse la toile de la vie pour parler d’un évêque obligé à l’exil et qui se révèle au fond un baroudeur impénitent, d’un fils d’une célèbre ophtalmologue qui n’a aimé que la science dont il se fait le porte-parole outrancier et un taulard qui, en s’inscrivant dans un cours d’écriture en prison, finira auteur de best-sellers… Autant de clins d’œil à la (mal)chance, au hasard, à la détermination de ce qui régit un point de départ ou ce qui catapulte, volontairement ou pas, dans un monde (en)fermé dans ses valeurs et ses traditions.

À travers ces bribes de traversée humaine, entre tonalités tragi-comiques savamment dosées, à la fois cocasses et graves, il y a là l’énorme talent d’un conteur né. Un conteur aux phrases ciselées qui sait parfaitement mettre en boîte les conventions et le conformisme pour défendre la liberté d’être et d’agir.

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et celle de Robert Colonna d'Istria dans CORSICA n° 172 de janvier 2014:

Attention chef d'oeuvre

Eduardo Mendoza est un des plus grands écrivains espagnols du moment. Son dernier livre réunit trois nouvelles, chef d'oeuvre de légèreté, d'intelligence, d'esprit, de profondeur : le meilleur de ce qu'on peut imaginer sous la couverture d'un livre. La baleine raconte le séjour à Barcelone d'un évêque sud-américain à l'occasion d'un congrès eucharistique en 1952. pendant cette manifestation, une révolution a lieu dans son pays : il est interdit de séjour et doit rester en Catalogne, sans un sou. La nouvelle est le récit de sa longue descente aux enfers, faite de servilité, de reour à la vie civile, d'arsouille, de petits trafics. c'est jubilatoire, et , au-delà d'un humour désopilant, très édifiant. a lire et relire, sans la moindre réserve. 

 Biographie Eduardo Mendoza WIKIPEDIA , né le 11 janvier 1943 à Barcelone, est un écrivain espagnol, considéré comme l'auteur le plus représentatif de sa génération.

Fils de magistrat, il suit sa scolarité dans un collège tenu par les frères Maristes. Après des études de droit, il étudie la sociologie à Londres entre 1966 et 1967. Il travaille comme avocat, mais en 1973 il part pour New York où il est traducteur à l'ONU.

Son premier roman paraît peu avant la mort de Franco et reçoit le Prix de la Critique. Centré sur la répression des anarchistes en Catalogne dans les années 1910, La Vérité sur l'affaire Savolta est publiée en 1975. Il faut dès lors noter l'importance qu'il revêt dans l'aspect littéraire puisque ce roman suppose un vrai changement dans l'art narratif espagnol. Avec ce roman on revient à des romans plus traditionnels, s'éloignant de la nouvelle expérimentale.

Dans Le Mystère de la crypte ensorcelée (1979), le héros, sorte de clochard qui n'a peur de rien, indic, psychopathe, inventif et grand baratineur, sort d'un hôpital psychiatrique pour effectuer une enquête demandée par le policier qui l'a fait enfermer quelques années plus tôt après l'avoir tabassé. Le détective improvisé mène son travail consciencieusement en interrogeant des personnages aussi déjantés que lui-même. Mendoza livre un roman policier parodique et burlesque, avec un grand sens du gag, qui est en même temps une féroce critique de l'ère « prépostfranquiste ».La Ville des prodiges, où la ville de Barcelone tient un rôle important, est célébré comme un chef-d'œuvre dès sa sortie en 1986. Mario Camus l'adapte au cinéma en 1999.

On retrouve son sens du burlesque, avec des gags en rafale, dans un roman prépublié dans El País en 1990, Sans nouvelles de Gurb, sur un extraterrestre perdu dans Barcelone sous l'apparence de la chanteuse de pop Madonna.

 

Le Dernier Voyage d'Horacio II , un roman de science-fiction humoristique, paraît également dans El País en 2001.

En 1995 il reçoit la Creu de Sant Jordi, distinction décernée par la Generalitat de Catalogne.

À partir de 1995, il donne des cours de traduction à l'université Pompeu Fabra de Barcelone

 

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