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CERCLE LECTURE JEAN MACE
3 août 2012

La Comédie du Caire Carine Fernandez

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"La Comédie du Caire de Carine Fernandez : Journal d’une exilée permanente 

Guilain

Un roman fort, empreint de nostalgie et de violence

Si depuis Naguib Mahfouz, les écrivains égyptiens se sont attachés à faire connaître au lecteur Le Caire et ses charmes vénéneux, il est rare que des auteurs étrangers s’y soient risqués avec autant de bonheur.
C’est le pari audacieux, engagé et réussi par Carine Fernandez, enseignante et chercheuse, dont c’est là le second roman. Il faut dire que cette incorrigible voyageuse sait de quoi elle parle. Vingt années passées au Liban, en Egypte et en Arabie saoudite ont fait d’elle une grande connaisseuse de l’Orient, de ses mythes et de ses sortilèges. Carine Fernandez ne parle pas du Caire, elle le vit, elle l’éprouve dans sa chair, dans son sang.

Helen, l’Irlandaise revenue vivre à Londres après ses années égyptiennes en compagnie de sa fille Djehane, se souvient. De Youssef Iskander, ce fils de famille ruiné et mélancolique et des années passées auprès de lui entre Héliopolis et Alexandrie quand le couple tentait encore de sauver les apparences. Du jeune couple d’étudiants brillants, il n’est rapidement resté que deux individus attachés l’un à l’autre par les liens du mariage et de l’ennui. Ennui que Youssef a tenté de rompre dans les bras de Malika, jeune femme forcée de vendre son corps pour survivre. Ennui qui submergera Helen l’Irlandaise que jamais les Egyptiens ne reconnaîtront comme l’une des leurs. Le drame qui couve dès le commencement du roman finira par éclater et la jeune femme rentrera panser ses plaies dans un pays de pluie et de neige qui lui ressemble."

Par la nouvelle république

 

"La quatrième de couverture évoque dans la fiche biographique de l’auteur « plus de vingt ans d’EXIL » au Liban, en Egypte et en Arabie Séoudite.  Le journal d’Helen, est bien celui d’une exilée permanente : européenne exilée au Caire, Cairote exilée en Europe.

On appréciera le récit lucide, tendre et cruel de la vie de ce groupe d’amis égyptiens et européens dans le Caire des années Sadate, on s’apecevra que le choc des cultures n’est pas seulement celui des religions : la belle-famille d’Helen est copte, ce qui n’empêche pas de terribles conflits « culturels ».
Une fresque amère où le regard occidental sur l’Egypte contemporaine s’affiche sans complexe, avec un effort sincère même s’il est souvent vain, un récit qui séduira autant qu’il irritera le lecteur occidental qui a connu la vie cairote de la fin du XXe siècle…"

Un petit livre qui m'a pris aux tripes tant l'histoire respire l'authenticité et le vécu.

L'auteure, une rhône-alpine mérite le détours.......

c f

 

Carine FERNANDEZ

"Je suis née dans la région lyonnaise le 4 juin 1955, fille de réfugié, mon père républicain espagnol avait demandé l'asile politique en France. L'ambiance familiale chez ces victimes de la dictature franquiste n'est ni libérale ni libertaire, mais excessivement puritaine et répressive, qu'on se souvienne de la claustration délétère de La maison de Bernarda de Garcia Lorca. Rien d'autre à faire que lire et courir les bois à défaut de courir les garçons.
Je m'évade à 16 ans pour m'enfuir au Moyen Orient avec un étudiant saoudien: noces de sable. La petite mariée n'a pas fini sa classe de seconde, elle n'a pas un sou en poche, n'a jamais pris l'avion,son ignorance du monde est ahurissante, mais rien ne lui fait peur. Elle a seize ans. Au fond de la valise., Rimbaud et Cendrars en guise de viatique.
Carine Fernandez à BeyrouthBeyrouth, Djeddah puis installation au Caire où la vie pulse follement. À peine arrivée, je vais m'inscrire au lycée français en classe de première. On me refuse l'inscription au titre qu'une «femme mariée» n'a pas le droit de s'asseoir sur les bancs de l'école, mais on n'hésite pas à proposer à la gamine que je suis un poste de surveillante générale (l'ancêtre du CPE actuel) à la condition expresse, autorité oblige, que je cache mon âge aux élèves. J'ai seize ans. Je ne reste garde chiourme qu'une année scolaire et me fais limoger en juin pour incompétence notoire. Le vacarme des boums en compagnie des mômes que je suis censée surveiller est parvenu aux oreilles de la direction.
Deux ans plus tard je passe mon bac au lycée français en candidate libre en me disant que de deux choses l'une: soit je suis recalée, soit j'aurai la mention très bien. On est infaillible quand on a dix-huit ans, je me crois l'étoile au front, donc je l'ai. L'étoile et la mention très bien.
Des études de Lettres menées à distance avec l'Université Lyon II, la distance étant la largeur de la méditérranée additionnée à celle de la piscine du sporting club d'Heliopolis où je potasse mes cours et écris des poèmes. Cela me convient royalement, autodidacte forcenée, j'ai toujours détesté l'école et fait le pari d'obtenir tous mes diplômes sans jamais assister aux cours. Foin du contrôle continu et des partiels! Je ne fréquente l'université que lors des examens finaux de mai. La belle saison du retour annuel en France avec les oiseaux migrateurs.
Carine Fernandez à ZurichPuis tout s'enchaîne, les déménagements, les pays: trois ans aux USA où je termine un doctorat sur le Voyage en Orient de Gérard de Nerval. Oui, c'est à Chicago qu'il faut aller pour retrouver l'orient nervalien et même prendre des cours d'arabe littéraire!
Puis une géhenne de douze ans en Arabie Saoudite avec, pour compagnons les livres passés en contrebande au mépris de la censure douanière. L'Arabie d'où il faut fuir à nouveau! Une question de survie mentale.
Ma dernière cavale me ramène en France après vingt-cinq ans d'expatriation. Assez lu, assez vu, assez eu! Il est temps de passer à l'écriture. La réfractaire à l'école finit par s'engager dans les rangs de l'éducation nationale. Me voilà installée à Lyon et prof dans le secondaire. À ce moment-là je commence à publier quelques textes, poèmes et chroniques dans des revues littéraires (la vivifiante « Main de singe » de Dominique Poncet) et j'envoie à Actes Sud mon premier roman: La servante abyssine qui paraît en 2003.
Deux autres romans suivent chez le même éditeur La comédie du Caire (2004) et La saison rouge (2008).

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