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CERCLE LECTURE JEAN MACE
12 novembre 2012

Aux lisières des prix littéraires.

A la rentrée littéraire de septembre on entendait à la radio, à la télévision beaucoup de commentaires élogieux à propos du dernier roman d'Olivier ADAM, qui aurait mérité un prix pour Les lisières (c'est mon avis, je le partage). C'est le plus long des 10 romans d' O. ADAM, en général ses romans font entre 200 et 300 pages, ici on dépasse largement les 400 pages. Je pense que ce qu'il voulait nous faire ressentir demandait une durée, une lecture longue. Le narrateur pourrait être le double d'O. ADAM, on retrouve les thèmes fondateurs chez lui, la gémellité, la marge, la fuite, la présence-absence, l'essence de l'écrivain. Ce livre ne cherche pas à plaire, comme son auteur d'ailleurs, c'est que j'ai ressenti en regardant son passage à la Grande librairie.

Paul Steiner, écrivain installé en Bretagne, vient d'être quitté par sa femme, il souffre d'être séparé de ses enfants, de n'être qu'un visiteur dans sa maison. Son frère le somme de venir s'occuper de son père dans la banlieue de leur enfance, sa mère étant hospitalisée, son frère aîné pense qu'il doit prendre le relais. Paul se retrouve 20 ans après, replongé dans le décor qu'il a fuit, la banlieue parisienne, ni campagne, ni véritable ville. Il est confronté à la dureté de son père, et ses retrouvailles avec ses "copains d'avant" lui donnent encore plus l'impression de ne plus appartenir à ce monde. Mais n'en a-t-il jamais été un membre actif ? Le chemin est long et douloureux depuis les Finistères bretons où son cocon se fissure jusqu'à ce no man's land, qu'est la banlieue.

O. Adam, nous donne une vision très actuelle et réaliste des conditions de vie dans ses lisières des villes, les désillusions de ses anciens copains de collège, le renoncement, le chômage, la pauvreté. Ce livre est plus qu'une vision sensible des difficultés de l'écrivain à être présent dans sa vie sociale, affective, il n'est ni d'ici, ni d'ailleurs, il y a une dimension politique à cette description où les vies sont écartelées, blessées par les conditions économiques, culturelles. C'est sûrement l'un des livres les plus sensibles sur la banlieue, la difficulté de garder le lien avec sa vie d'avant. Les familles, celle où il est né, celle qu'il a construite, semblent se décomposer, tous ces déchirements se produisent au moment du tsunami au Japon, pays cher au narrateur et à l'auteur. Il a toujours cette envie d'aller voir ailleurs, où il a été heureux, aller voir ailleurs si il y serait mieux, protégé de la Maladie, qui l'empêche d'être simplement là, maintenant.

Est-ce parce qu'il n'est pas tendre avec la vision de l'écrivain, du microcosme intellectuel parisien que ce roman est resté à la marge des prix littéraires ?

 

Aurore.jm

Les lisières d'Olivier ADAM chez Flammarion

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