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CERCLE LECTURE JEAN MACE
4 mai 2011

SUR LES TRACES DE PAUL GAUGUIN....

"imagesJe suis dans les mers du Sud"  de Jean-Luc COATALEM

Pour des raisons inconsciemment puisées dans son histoire personnelle, l'auteur parcourt le monde (Hollande, Danemark, Bretagne et finalement Polynésie) à la recherche des souvenirs laissés par Paul GAUGUIN.

En parallèle avec la description des lieux et des personnes rencontrées lors de son voyage, l'écrivain nous relate la vie de ce peintre peu apprécié à son époque, célèbre aujourd'hui. Jean-Luc Coatalem nous fait connaitre l'histoire réelle de cet être dont la personnalité ambigüe ne peut laisser personne indifférent. Gauguin est profondément humain, tout comme ses peintures.

Toute sa vie il a poursuivi un rêve de bonheur et croyait le trouver à l'autre bout du monde. Mais les îles du Pacifique sont-elles aussi paradisiaques que l'image qu'elles nous présentent ?

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Commentaires
P
Vargas Llosa, dans Le Paradis un peu plus loin offre une étonnante biographie de Paul Gauguin et de sa grand-mère, Flora Tristan, MLF avant la lettre.<br /> Si l’alternance systématique des chapitres, un pour Flora, un pour Paul, apparaît comme totalement artificielle, elle ne nuit cependant pas à la narration à peu près chronologique ; chacun des chapitres de fin voit racontés leur mort et leur enterrement ; chacun quitte ce monde dans la souffrance et la marginalité et se voit refuser les rituels chrétiens.<br /> Les destins et les choix de vie de chacun des deux personnages sont plus que divergents. «Flora, ta grand-mère, n’aurait pas approuvé ce que tu faisais, Paul» (p. 319)<br /> Flora est une activiste féministe qui, après un mariage catastrophique, quitte époux et enfants, s’engage à «changer le monde», sillonne la France en 1843/44 pour tenter de rallier les ouvriers à son militantisme, de réclamer plus de justice, dans les conditions de travail comme dans les salaires, et ce notamment pour les femmes. «Savez-vous combien gagne une ouvrière à Lyon pour quatorze ou quinze heures de travail à l’atelier ? Cinquante centimes. Le tiers ou le quart de l’ouvrier pour le même travail» (p. 116). Son combat lui vaut admiration ou fureur, encouragements, adhésion ou invectives et menaces, selon les lieux traversés et la plus ou moins grande lâcheté des divers interlocuteurs. «Sa première impression à Lyon, avec ses bâtisses lugubres semblables à des casernes /…/ fut extrêmement négative» (p. 107) «Lyon, ville d’ouvriers révolutionnaires, était aussi une cité cléricale qui puait l’encens et la sacristie /…/elle ne fit que passer dans ces nombreuses églises, pleines de pauvres gens fanatisés, à genoux, priant ou écoutant en totale soumission les âneries obscurantistes que déversaient des curés prêchant la résignation et l’asservissement aux puissants» (p. 116).<br /> Curieux… Flora hait les poètes : «que pouvait-on attendre des poètes, même s’ils étaient ouvriers ? C’étaient eux aussi des monstres d’égoïsme, aveugles et sourds au sort du prochain, des narcisses épris des souffrances qu’ils s’inventent pour pouvoir les chanter» (p. 238).<br /> <br /> Quant au récit des pérégrinations de Gauguin, de Paris à Pont Aven, de Tahiti aux Marquises, il est conforme à ce qu’on sait de lui : d’une part les excès en tout genre «tu avais décidé depuis bien des années que pour être un artiste, il fallait absolument évacuer toutes sortes de préjugés bourgeois, et les remords en faisaient partie» (.p 319) ; d’autre part les souffrances physiques et morales, les difficultés matérielles, relationnelles, financières, etc.<br /> L’originalité du portrait de Gauguin que trace ici Llosa est sans doute de montrer moult tableaux entrain de se faire; et ce jusqu’au dernier que Gauguin peint alors que, atteint de syphilis, il est devenu presqu’aveugle : «il éprouvait une telle excitation à la perspective de peindre cette toile/…/ ce n’était pas seulement la vue qui te faisait défaut. Le poignet aussi. C’étaient seulement tes chefs d’œuvre que tu avais peints dans cet état d’incandescence» (p. 479). La description de la gestation et de la création du tableau en est aussi un commentaire esthétique «C’était une réussite que d’avoir fondu dans ce jaune estompé les angles supérieurs de la toile pour donner l’impression /…/ soutenu par un bleu doux et le vert véronèse du fond sur lequel s’enroulaient …» (p. 276)<br /> La vie de Gauguin homme, au sens mâle du terme, est, en apparence, à mille lieux de celle choisie par sa grand-mère. Si Flora, déçue par le mariage qui avait fait d’elle un objet «à copuler», évitera par la suite tout rapport amoureux, exception faite d’une courte liaison lesbienne, Paul a impérativement besoin de sexe pour créer; il tripote ses modèles sans vergogne, se met en ménage avec de très jeunes filles qu’il engrosse sans état d’âme, peu soucieux de savoir ce que devient sa descendance; même gravement malade, boiteux, pustuleux, puant, il fornique au vu et au sus du voisinage atterré. Bref, de quoi faire hurler Flora, «madame-la-colère». Et pas l’once d’un reproche sous la plume de Llosa…
CERCLE LECTURE JEAN MACE
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