Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CERCLE LECTURE JEAN MACE
10 novembre 2013

EN AMAZONIE Infiltré dans "le meilleur des mondes" Jean-Baptiste MALET

amazon604-tt-width-604-height-406

Beaucoup d'entre nous avons lu  le prophétique "1984" de George ORWELL. Avec "En Amazonie" la prophésie se réalise. Big Brother est là pour suivre chaque seconde les salariés de l'entrepôt d'Amazon de la Drôme(26). J-B MALET journaliste est un infiltré. Il s'est fait volontairement recruté pour témoigner des conditions de travail de cette entreprise qui entrepose et expédie les commandes effectuées par Internet. Il travaille de nuit, doit parcourir 20km chaque jour comme "pickeur"= prendre les commandes dans les rayons et les apporter à une équipe qui les emballe, et les expédie.

A tout moment les superviseurs lui indique son temps et l'incite à dépasser ses performances pour obtenir peut être un CDI.La devise de l'entreprise est affichée partout: "WORD HARD" (Travailler dur) "HAVE FUN",(Amusez-vous), "MAKE HISTORY" (Faites l'histoire) 

amazonie

 La lecture de ce livre est angoissante et vous plonge dans une horreur qui terrorise. Gros employeur de la Région les demandeurs  d'emploi candidatent faute de mieux, au prix de leur vie familiale et sociale, leur santé psychologique....etc

Pensez à eux si vous passez par Amazon pour commander vos livres et courrez vite chez votre libraire le plus proche ou à la bibliothèque. Les délais seront un peu plus longs, et alors? vous lirez entre temps un autre livre et ferez, qui sait?, une belle découverte.......

Ci-dessous la critique de Frédéric PAGES du "Canard Enchainé"

"En multi, je me délogue"

La loi de cette nouvelle jungle:"produire"des colis, à toute vitesse, dans un entrepôt logistique aussi quadrillé qu'une base militaire, où la productivité de chaque employé est suivie sur des écrans d'ordinateur des "managers". Car le personnel est équipé de "scanettes" électroniques qui permettent, en plus de lire les étiquettes, d'enregistrer la production des "pickeurs"et des "packeurs", de tous ceux qui travaillent "inbound" ou "outbound" en récitant mentalement ce genre de consigne : "je pars en pause. En multi, je me délogue. En single, je ramène ma tote en zone packing et je me délogue". Compris?

Bienvenue à Amazon, où le journaliste Jean-Baptiste Malet a eu la bonne idée de se faire embaucher pendant un mois, à Noël 2012, en équipe de nuit, à raison de 42 heures de travail hebdomadaire. Nous sommes à Montélimar chez le numéro 1 mondial du commerce par Internet, au début distributeur de livres, aujourd'hui livreur de tout et n'importe quoi. Grande comme cinq terrains de foot, l'usine est une "forêt métallique sans le moindre repère"que les salariés arpentent en tous sens. Vingt kilomètre par nuit pour aller chercher la marchandise en rayons et l'amener là ou le colis est confectionné. Interdiction de parler, "même avec un autre pickeur croisé dans un rayonnage"

Est-ce à dire qu'on ne rigole pas? Si, mais quand on vous le demande, et c'est alors obligatoire. "Have fun", "amusez-vous", est une des consignes. Concrètement, cela donne le droit, pendant les pauses, de jouer quelques minutes à des quiz portant sur des séries télévisées. Explication du recruteur : "Le PDG ne veut pas que l'on arrive la boule au ventre".

Notre infiltré a rapidement la cervelle en bouillie, il est à peine capable, après une nuit de marathon dans les rayonnages, de prendre des notes pour son futur bouquin. Ses neurones s'emmêlent après qu'il a empaqueté de tout : des ouvrages nazies, des revues pornographiques ausi bien que des grands classiques de la littérature, " un Pléiade de Voltaire rangé à côté d'un boîte de slip pour homme".Le magasinier ne doit faire aucune différence dans le meilleur des mondes.

Pourtant, chaque implantation d'usine Amazon est saluée par des cris de joie de nos hommes politiques. Chaque emploi crée, même précaire, permet à la pieuvre américaine d'encaisser de l'argent public, qui sert à étouffer les librairies indépendantes et même les grandes enseignes comme la Fnac ou Virgin. A ceux qui lui faisaient remarquer la sauvagerie des méthodes, le ministre socialiste Montebourg répondit, il y a quelques mois, avec superbe : "je ne vais pas botter les fesses de ceux qui créent des emplois". Pas une réserve, pas une critique! Faut-il en conclure qu'il y a des coups de pieds aux fesses qui se perdent?

Jean-Baptiste Malet est journaliste pour Golias Hebdo et Golias Magazine. Il collabore aux titres Charlie Hebdo, Regards et signe des enquêtes pour le journal satirique marseillais Le Ravi depuis 2007.Il est l’auteur du livre « Derrière les lignes du Front - Immersions et reportages en terre d’extrême droite » (Éditions Golias, septembre 2011), fruit d’une enquête de terrain au long cours, à travers la France, échelonnée sur plus d’une année. Il collabore avec Bernard Richard pour réaliser Mains brunes sur la ville en 2012.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
CERCLE LECTURE JEAN MACE
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité