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CERCLE LECTURE JEAN MACE
18 mars 2011

"LE CHAGRIN" de Lionel Duroy

chagrinLe Mot de l'éditeur

De l'Occupation jusqu'à nos jours en passant par la guerre d'Algérie et Mai 68, des avenues chics de Neuilly aux cités dortoirs de Rueil, Lionel Duroy retrace l'itinéraire
chaotique d'un garçon pris au piège d'une odyssée familiale désastreuse. Un roman poignant qui fouille les mentalités françaises depuis la seconde moitié du XXe siècle.
Au départ, c'est un couple amoureux qui convole durant l'Occupation. Le mari est issu de la noblesse désargentée ; d'une grande beauté, l'épouse aspire à une vie
mondaine digne de sa récente particule. En catholiques zélés, ils donnent naissance à onze enfants, tandis que toute la maisonnée mène aveuglément un train de vie de
grands bourgeois. Prêt à se lancer dans les entreprises les plus hasardeuses pour satisfaire les exigences de sa bien-aimée, le père accumule en secret des dettes
exorbitantes. La chute n'en est que plus rude. Expulsion des beaux quartiers, humiliation sociale... toute la tribu est relogée dans une cité lugubre où ne tiennent aucun des meubles fabriqués sur mesure pour le bel appartement de Neuilly. La paix du ménage se fissure, tout comme l'équilibre psychologique de la mère. Commence une longue série de galères - de magouilles paternelles en crises de nerfs maternelles. Le narrateur, l'un des enfants, est le témoin épouvanté des calamités qui s'amoncellent au-dessus du foyer familial. Un chagrin qui pèsera sur ses épaules durant toute son existence.
De 1940 à nos jours, la société française connaîtra elle aussi de grands bouleversements. Mais jamais cette famille ne sera du bon côté des événements politiques. Défenseur de Pétain sous l'Occupation, opposé de nouveau à de Gaulle lorsqu'il « abandonne » les Français d'Algérie, et pestant contre ces «gauchistes» qui, en 68, incendient Paris du haut de leurs barricades, le père est toujours à contre-courant des grands mouvements libérateurs. Il faudra plusieurs décennies au narrateur pour
se défaire de l'héritage culturel familial, et parvenir enfin à se forger ses propres convictions.
Comprendre d'où l'on vient pour parvenir à s'émanciper de son passé, telle est l'entreprise du Chagrin. Lionel Duroy s'est inspiré de son propre parcours pour écrire ce magistral roman d'initiation. Loin de montrer la face glorieuse de son existence, c'est au contraire avec un courage et une sincérité déchirants qu'il décrit ce que tant d'autres familles taisent sur leurs origines honteuses ou inavouables. Selon une conception cyclique du temps chère à Marcel Proust, Lionel Duroy démontre que les
mêmes épisodes traumatiques ne cessent de se rejouer dans notre vie présente, sous d'autres déguisements. Et souligne, avec mélancolie, la manière dont l'enfance continue à nous hanter des décennies plus tard.

Longtemps journaliste à Libération et à L'Événement du jeudi, Lionel Duyroy a aussi aidé à rédiger les biographies de nombreuses célébrités. Chez Julliard, il est l'auteur d'une dizaine de romans dont "Méfiez-vous des écrivains", "Priez pour nous" et "Le Cahier de Turin".

Cette autobiographie m'a passionnée. Sans doute en raison de la proximité de celle-ci avec ma propre enfance, en particulier, la période concernée.L'auteur raconte son enfance  "entre l'effroi que nous inspirait notre mère et l'attachement grandissant que nous éprouvions pour Toto". L'auteur n'appelle, dans son livre, son père que par son surnom Toto! Mais aussi sa vie d'homme jusqu'à l'année 2000. Il est né en 1949.Mais pourquoi certains enfants restent-ils hantés par leur histoire familiale? Le livre bien sûr ne répond pas à la question. L'auteur nous dit combien cette histoire a impacté sa vie tout entière et comment l'écriture a été une délivrance. Mais au prix d'une rupture avec sa famille qui ne lui a jamais pardonné d'avoir "trahi", en écrivant leur histoire.Pour résumer l'ambiance familiale, cette réponse de la mère de l'auteur à sa question : "pourquoi 11 enfants?" "tu ne voudrais pas qu'on les mette à la poubelle?" Ah la puissance des mots.......J'espère que nous serons nombreux à le lire pour en discuter lors d'un prochain cercle!

   

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Commentaires
A
Bonjour,Edith. Je suis contente que "Le chagrin" vous ait passionnée. Je l'avais recommandé avec chaleur, lors d'un de nos cercles de lecture. C'est le genre de littérature que je recherche, mais ces témoignages, autobiographiques totalement ou quelque peu autofiction n'ont pas tous cette intensité, cette force, cette valeur littéraire. Bonnes lectures.
CERCLE LECTURE JEAN MACE
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